39 - à partir du 01/05/2008 - début + mots imposés (Virginie Edensland)
C'est un exercice combiné qui est cette fois proposé par Virginie Edensland. En effet, il s'agit d'écrire un texte dont le début vous est imposé, en utilisant également au minimum 10 mots parmi les 15 d'une liste. Ce double défi, nous ne doutons pas que vous saurez le relever, et que la surprise et l'émerveillement seront comme toujours au rendez-vous à la lecture des résultats.
Début : Il / Elle reposa le téléphone...Les larmes emplirent ses yeux...Il n'y avait plus d'espoir.
Mots imposés :
soleil, main, regard, feuille, rideau, océan, demain, oublier, rancoeur, soulagement, impasse, bonheur, lancinant, pourquoi, poing.
Cet exercice sera officiellement actif du 01 au 11/05, mais comme toujours, les participations reçues au delà de cette date seront également prises en compte.
Il reposa le téléphone... Les larmes emplirent ses yeux... Il n'y avait plus d'espoir.
D'abord il fut comme « absent », tétanisé. Son regard vitreux en témoignait. Et puis lentement, très lentement, comme un noyé remonte à la surface des eaux glauques d'un océan de rancoeurs, un « POURQUOI?! » jaillit en un sifflement lancinant d'entre sa mâchoire de brute blessée. Dans un même temps son poing serré s'abattit sur le bureau d'acajou poli qui accusa le coup sans oser rien dire si ce n'est ce craquement sinistre très vite étouffé par les vociférations grossières de l'homme qui déambulait maintenant de long en large dans la pièce.
A quelques pas de lui, lorsque d'un revers de la main il dispersa les documents et se mit à grand fracas à renverser les meubles et étagères, une femme terrorisée s'immisça encore plus profondément dans l'encoignure des portes. L'ombre de ce qui fut un homme se prit quand à elle à espérer! « Demain, je peux vivre jusqu'à demain », s'invectivait l'ombre...
L'individu tenait à peine debout, ses vêtements déchirés étaient poisseux de sang, son visage tuméfié trahissait les raisons qui, ici , « justifiaient » sa présence. Dehors le soleil printanier était occulté par les fumées, elles s'élevaient grises et noires, étouffantes. formant un opaque rideau cachant tous ces gens qui courraient sans plus savoir par ou aller! Ce n'était plus que massacre, sang, violence...
Un ultime groupe armé tomba au bout de l'impasse dans une embuscade...
A son plus grand soulagement, « l'homme » remarqua que les sbires de son bourreau semblaient l'avoir oublié.
Soudain « Il » se retourna vers lui! L'homme se dit que cette fois tout était fini, il ferma les yeux et adressa une muette prière à son dieu. A la pensée de sa femme et de ses enfants, de son bonheur saccagé pour une feuille, un écrit de trop publié, son père, sa mère et tous ses amis qui peut-être étaient déjà morts ou comme lui dans une quelconque et anonyme chambre de torture, une larme de ses yeux s'échappa. Néanmoins, étrangement, il remarqua qu'il n'y avait même plus trace de rancoeur dans son âme apaisée, prête à s'envoler...
Ebahi, il aperçu à ses pieds son bourreau tombé à genoux qui le suppliait lamentablement d'intercéder en sa faveur lui promettant de l'or et des bijoux pour sauver sa misérable existence
- « je serai un prisonnier comme vous, personne ne le saurait! Je vous en supplie sauvez-moi! »
Et ce tortionnaire qui jadis se glorifiait d'être la puissance incarnée, jouait du droit de vie et de mort, infligeant les pires souffrances à ses frères et soeur humains n'était plus qu'une larve effondrée suppliant celui qu'il avait prit tant de plaisir et de raffinements à torturer...
Interloquée, « L'ombre » restait muette. Son corps meurtri secoué de spasmes incontrôlables, incontrôlés apporta la seule réponse possible qu'il put apporter à toute cette folie débridée.
Dehors, sous un soleil printanier, un dictateur était renversé, un autre prenait sa place.