Je n'ai jamais aimé les fêtes de fin d'année et celles qui se pointent ne feront pas exception, que du contraire. En plus pour tout arrangé j'ai récemment fait une chute qui me laisse avec une épaule en piteux état mais le pire c'est tous les cheminements tortueux qu'un cerveau peut prendre en reliant un évènement somme toute anodin à un autre.. Lorsque le médecin m'a auscultée, il m'a demandé « ça vous fait mal? » « et là? »... « Tout est relatif » lui ai-je répondu, du moins le niveau de douleur » et j'ajoutai : « je suis assez résistante à la douleur »...
La douleur c'est vicieux : on s'y habitue.
Enfant déjà. A l'époque en jouant à faire des cumulets sur mon lit j'ai soudain heurté du pied le mur, aie, aie, aie!! Résultat? Un orteil cassé avec le nonos déplacé :-) mais comme il était interdit de jouer sur son lit et encore plus d'y faire des cumulets je me suis bien abstenue de signaler le fait.
Il y a aussi tous ces bleus, ces meurtrissures de l'âme qui vous submergent inévitablement à certains moments, on a beau gérer on n'est pas superman (superwoman non plus :-)
Et puis ces rencontres, ces détresses qui vous rappelle... . La chanson est toujours la même : un couple. Au départ tout va bien et puis ça se dégrade et l'on se retrouve englué(e) dans une toile dont il est bien difficile de s'extraire : il y a les biens communs, le logement et puis pas évident non plus de partir c'est un échec et puis où aller?...
Et pourtant, en regardant ses yeux noyés de larmes contenues, ce regard traqué qui surveillait de gauche à droite, se retournant pour s'assurer que des orreilles malveillantes n'aurait pas entendu cette confidence qu'elle ne pouvait plus retenir, j'ai eu l'impression de me voir il n'y a pas si longtemps dans un miroir... Du coup (mauvais jeu de mot :-( aussi délicatement que possible et sans « je » ou « tu » j'ai répondu à son appel muet en lui disant ceci : tant qu'il sort, qu'il boit et n'est pas violent c'est un moindre mal, mais souvent l'un est prétexte à l'autre et malheureusement avec le temps il n'est plus besoin de prétexte. Après rongé de remords il se jettera à tes pieds pour te demander pardon, au début on l'accorde et puis avec le temps ...
Lorsque je lui parlais elle me lança un regard qui disait « qui lui a dit? » et puis sa méfiance s'est envolée et elle me répondit « on dirait que tu connais ma vie, que tu parles de moi »
Non, je ne parlais pas d'elle, de cette jeune femme belle, sympathique et déjà si désespérée. Je parlais pour elle. J'aurai voulu lui dire : « fuit, fuit tout de suite ». Je me suis contentée d'un « ça ne s'améliorera pas ». Et puis sa vie n'est pas la mienne, même si il y a cet instant de connivence que reconnaissent instantanément les accidentés de la vie...Son amie a ajouté après un temps de réflexion : « on dirait du vécu », je lui ai simplement répondu « oui ». Il n'y avait pas besoin de grandes phrases ni de s'étendre. Il y a des moments ou c'est essentiellement l'écoute qui est indispensable. Dire à celui qui vous fait face : tu n'es pas seul(e), toi seul(e) peut-en sortir, moi je peux t'écouter. C'est souvent la seule chose qui vous est demandée : évacuer le trop plein pour pouvoir gérer ses émotions, les analyser.
Bon tout ceci n'est pas destiné à me plaindre ou à la plaindre, simplement à vouloir faire passer ce petit message s'il était néccéssaire : personne n'a a subir les violences d'une tierce personne qu'elles soient physiques ou phychologiques (et je ne sais pas lesquelles sont les pires). Il serait temps que les structures de la société changent, bannir à jamais ce statut de « chef de famille ». Que chacun dans un couple conserve ses droits, ait des revenus propres, individuels, ses ressources propres et tant pis pour les vautours de la justice : éradiquer les procédures de la séparation. C'est pas chrétien, catholique, orthodoxe, musulman ou quoi que ce soit? Tant pis c'est ce que moi je pense, notre corps, notre vie nous appartient et nul n'a le droit de l'aliéner. Nul n'a le droit d'exercer son autorité sur un autre. La morale stricte et simple de la dignité mène à cette conclusion.
Et vous qu'en pensez-vous?
Et si on en parlait?