- Cocooo... Beau Coc0o... C'est Coco0 le plus bo Ô... Cocooo... Beau CocoO... C'est CocoO le plus bo Ô...
Exposé en devanture entre la volière des perruches à droite et l'espace réservé aux colombes et tourterelles à gauche, un p'tit piaf triste, insensible aux pépiements et chants animés de ses congénères, se balançait mélancolique sur son bâton de plastique.
Ni la cacophonie ambiante, ni les inséparables continuellement émoustillés qui sollicitaient leur belle ne le distrayaient plus depuis longtemps.
Quand aux rotondances de ce ridicule petit coq fier comme Artaban qui bombait le torse en cocoricotant soir et matin, tout en assénant de ci-de là un coup de bec hargneux, ne servaient qu'à accentuer son sentiment de solitude et d'isolement. "Bienheureux ceux qui échappent à ses ergots acérés!" constatait-il tristement.
Derrière le grillage dans l'arrière salle, la famille basse-cour se complétait de prétentieux paons faisant la roue aux dindons et canards insensibles à leurs majestueux étalages.
- Cocooo... Beau CocOo... C'est CocoO le plus boÔ... Cocooo... Beau CocoO... C'est CocoO le plus bo Ô...
- Fred!... Hey! Ho-ho! Fredo! FREDOOO!
- Hum?
- Ha! quand même!
- Qu'est-ce que tu veux?
- Tu finis pas ta mangeoire?
- Non, tu peux y allez si tu veux...
- Merci mon vieux!
- Mon p'tit Fredo, suis mon conseil : secoues-toi les plumes, tu t'laisses aller et ça c'est pas bon!
- Je n'y peux rien, je ne supporte plus d'être confiné! Tu comprends, j'ai envie de déployer mes ailes... HO! Regarde! Un oiseau d'argent!
Fredo se redresse subitement sur ses pattes, ses ailes frolent les barreaux de la cage
- Mais pourquoi n'ai je pas profité de pousser la porte de cette maudite cage quand j'en ai eu l'opportunité? Une occasion pareille ne se reproduira plus!
- Y'a peu d'chance petit, si ce n'est pour le grand voyage vers l'inconnu.
- J'ai eu peur de franchir le seuil de cette maudite cage, peur de l'extérieur, de manquer de graines, d'avoir faim, d'avoir froid, j'ai hésité et puis ce fut trop tard "IL" a refermé ma cage!
- Allez petit : fais toi une raison, on est bien ici, on a le gîte et le couvert, notre bain est toujours prêt, pas de danger de rencontrer un chat, on est pépère.
- Regarde! Là! Encore un oiseau d'argent. Oh! comme je m'en veux, j'aurais pu les rejoindre, être libre...
Secoué par un long sanglot, Fredo rentra la tête dans les plumes de son cou
- Allons petit, tu te fais du mal pour rien, on est bien ici...
- Coco... Beau CocOo... qu'il est bÔ le CocOo... CocO... Cocooooo.... Coco...Beau CocOo... qu'il est bÔ... CocOooo... qu'il est bÔ OOO CoCO...