Chaque jour il arrivait ombre furtive de la ville. Il venait avec son sourire, son panier rempli de fleurs, parfois de fruits, pendant à son bras. Sa mise était toujours soignée, un pull à col roulé sous sa veste l'hiver et l'été si le soleil donnait, abrité sous son chapeau noir, il roulait les manches de sa chemise. Il déambulait ainsi dans les rues accostant inlassablement des passants trop pressés, trop méfiants. Un sourire chaleureux au lèvres il tendait simplement sa main qui tenait une fleur et lorsque son vis à vis faisait mine de glisser sa main dans sa poche ou son sac pour en sortir de la monnaie il disait gentiment : « non merci, c'est gratuit » le moment de stupeur passé, un doux sourire faisait place à la gène ressentie une fraction de seconde par certains, d'autres pensant avoir affaire à une arnaque ou à un fou haussaient les épaules et s'éloignaient en ronchonnant.
Je pris ainsi l'habitude de m'asseoir un instant avec lui sur un banc, nous échangions quelques idées, quelques bonbons. Un jour il est parti. Je ne sais pas ce qu'il est devenu, il n'aimait pas écrire. Il a simplement fait sa valise, prit son panier garni de fleurs et de douceur. Une touriste lui avait parlé de cette femme là-bas, dans ce pays lointain qu'il ne connaissait pas, il y aurait une mendiante d'amour qui tout comme lui offre des fleurs et la chaleur de son coeur, alors lui qui avait si froid se dit qu'il était temps pour lui de tendre sa main pour qu'elle y dépose la sienne.
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